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"Père des chars" Le général Estienne (1860-1936), parrain de la deuxième promotion de l'EETAT d'Issoire
est inscrit dans notre mémoire comme le «père des chars», créateur et organisateur de l’artillerie d’assaut
ayant considérablement contribué à la victoire de 1918.
Mais il est beaucoup plus que cela et sa vie fut celle d’un officier savant, innovant et réalisateur,
et d’un ingénieur de talent en bien des domaines.
C’est ce qui apparaît à l’évidence dans l’admirable biographie que Madame Arlette Estienne Mondet a consacrée à son grand-père.
Ce livre nous fait participer à l’Histoire du premier tiers du XXe siècle.
Reçu cinquième à l’École polytechnique, il en sort artilleur. Au cours de ces premières années de service,
il mène des études sur l’optique de pointage des canons et montre un esprit scientifique qui, d’abord, trouble
un peu sa hiérarchie militaire qui, rapidement, saura reconnaître sa réelle valeur.
À partir de la fin de 1909, il va devenir l’un des créateurs de l’aviation militaire qu’il propose aux artilleurs
comme «instrument» d’observation, plus efficace et moins vulnérable que les ballons dirigeables.
Il a dirigé l’établissement de Vincennes où il eut sous ses ordres une pépinière d’officiers issus de l’X.
Percevant l’avenir du combat aérien, il privilégia le monoplan et expérimenta les améliorations dont il fallait doter les appareils.
L’aventure du char d’assaut, né pendant la guerre de 1914- 1918, occupe une part importante du livre :
ce ne fut pas le fruit d’une mission confiée par le haut commandement militaire au général Estienne, mais c’était son idée,
qu’il pensa imposer à ses supérieurs, et pour cela court-circuita sa hiérarchie en s’adressant directement au général en chef.
Le char Renault est donc né d’une initiative privée : celle du colonel Estienne et de Louis Renault qui coopèrent en secret
pour le mettre au point; son apparition sur le champ de bataille en 1918 donnera alors l’avantage à la France.
Lors des débats relatifs à l’avenir de l’arme blindée, la vision lucide et prophétique du général Estienne, partagée par le colonel de Gaulle,
fut, hélas, plus entendue par le général allemand Guderian que par les gouvernements français pacifistes de l’époque.
On trouve également dans ce livre des portraits d’hommes de l’époque :
Clemenceau avec qui le général Estienne eut des rapports d’une grande cordialité,
Pétain qui a soutenu les chars durant toute la Grande Guerre, même si, ensuite,
il n’a pas compris le rôle qu’ils tiendront dans la guerre moderne.